A 10 MOIS DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES, LE Pôle medical de l’insep était en séminaire à dinard
L’équipe composée de 80 personnes prépare les JOP en France
Chef du Pôle Médical de l’INSEP, Sébastien Le Garrec nous parle de cette année pré JOP
700 sportifs et sportives suivis par le Pôle médical de l’INSEP
Une trentaine de membres du pôle médical de l’INSEP (Institut National du Sport, de l’Expertise et de la Performance) étaient à Sport Bretagne le week-end dernier pour un séminaire de rentrée. L’occasion de faire un point avec Sébastien Le Garrec (chef du pôle) à dix mois des Jeux Olympiques et Paralympiques. L’INSEP sera en effet le camp de base de nombreuses équipes de France en amont et pendant les JOP.
Sébastien Le Garrec, est chef du Pôle Médical de l’INSEP depuis 2014. Egalement médecin des équipes de France de natation, il a participé à plusieurs olympiades et à exercé auprès dans différentes disciplines comme le basket-ball, le handball ou encore le judo.
Un pôle médical à la pointe et au service des sportifs français
Pouvez-vous nous présenter le pôle médical de l’INSEP ?
« Notre mission est de nous occuper au quotidien des 700 athlètes rattachés à l’INSEP sur différents plans : la prévention, les soins mais aussi la récupération. Pour cela, nous avons une équipe pluridisciplinaire avec des médecins, des kinésithérapeutes, des psychologues, des infirmiers, des podologues, des dentistes et bien entendu tout le personnel administratif indispensable au bon fonctionnement de cette belle machine. Nous sommes un peu moins de 80 personnes au total à travailler au sein de ce service, dont une dizaine de vacataires qui représentent des spécialités médicales bien précises. »
En quoi consiste l’accompagnement mis en place au niveau des sportifs ?
« Le premier rôle du pôle est la protection de la santé des sportifs et sportives. On voit tous les athlètes au minimum une fois par an pour réaliser un bilan complet avec un examen, un questionnaire de sur-entrainement, un examen électrocardiographique de repos, un bilan psychologique … à cela s’ajoutent d’autres examens qui sont spécifiques à chaque sport. La seconde mission concerne les soins. Nos athlètes se blessent physiquement ou psychologiquement. On assure donc ces soins avec nos moyens techniques et humains. Nous disposons d’un plateau technique important et d’un centre d’imagerie dédié (IRM, radiographie, échographie conventionnelle, DEXA Scan …) qui n’a pas beaucoup d’équivalent dans le monde au niveau du sport. Qui dit soins, dit temps de concertation avec les staffs techniques … on sait qu’un athlète blessé est rarement au repos complet. Son programme est donc adapté en concertation avec les staffs techniques des différents pôles. Le dernier rôle concerne la récupération avec des kinésithérapeutes qui sont dédiés aux massages. Niveau technologie, on bénéficie de plusieurs balnéothérapies sur l’INSEP avec des outils assez classiques de compression, de bain froid, de hamam et nous avons également une « cryothérapie corps entier » qui est à -110° et qui permet une meilleure récupération pour les athlètes. »
Comment s’est construit et structuré ce pôle médical au sein de l’INSEP ?
« L’INSEP a toujours été précurseur sur la partie médicale. Les premiers appareils d’isocinétisme qui sont arrivés en France, c’était à l’INSEP par exemple. Nous essayons d’être attentifs à tout ce qui est nouveau et qui pourrait surtout être utile pour nos athlètes. On essaye d’être également experts sur les personnes, notamment sur la partie imagerie. Pour le diagnostic, c’est essentiel aujourd’hui d’avoir des images de qualité avec des radiologues bien formés sur la partie appareil locomoteur. Ce qui fait notre force, c’est le dialogue qui existe aussi entre les médecins et les radiologues, et cela nous rend pointus dans nos interventions et diagnostics. »
Un séminaire de rentrée à Dinard pour lancer cette saison vers les JOP 2024
Dans quel but organisez-vous ce séminaire de rentrée ?
« C’est un séminaire que l’on fait depuis dix ans déjà environ. La volonté est de sortir de notre cadre, de poser nos valises, en s’interrogeant sur l’année qui vient de s’écouler et nos modes de fonctionnement : quelles sont nos forces et nos faiblesses, quels points peuvent-être améliorés … C’est une analyse de notre travail en étant hors des murs l’INSEP et en n’ayant pas la pression du quotidien. Ces séminaires nous permettent aussi d’aller visiter tous les établissements du réseau Grand INSEP. Je suis toujours enthousiaste de voir les organisations sur place. Quelque soit l’endroit, le centre, on fait du cousu-main, on s’adapte à la demande. Dans chaque centre visité ces dernières années, on sent bien qu’il y a une organisation qui est faite pour s’adapter à la demande des sportifs de haut niveau, en lien avec les particularités territoriales. Nous rencontrons à chaque fois des personnes passionnées qui ont le soucis de répondre au mieux et de s’adapter. Sincèrement nous avons été accueillis comme des rois, tout est parfait ici à Dinard. C’est une façon de travailler, on le ressent, ce n’est pas parce que c’est l’INSEP qui vient … c’est une habitude, une manière d’accueillir. »
Avec le COVID, vos équipes médicales ont certainement été très mobilisées !
« Effectivement, et ce séminaire nous permet également de les remercier ! Nous avons été très sollicités avec le COVID … de plus, en février de cette année, nous avons eu ce que l’on appelle une « Toxi Infection Alimentaire Collective (TIAC). L’eau de l’INSEP a été contaminée par un virus ce qui a été une véritable catastrophe. Nous avons vu 300 personnes en deux jours ! Cet événement a été une grosse mise à l’épreuve de l’équipe médicale, qui a répondu à 100%. C’est une grosse fierté et j’en profite une nouvelle fois pour les remercier. «
A dix mois des JOP en France, ce séminaire est-il l’occasion de se projeter pleinement sur l’événement ?
« L’INSEP va être le camp de base de nombreuses équipes françaises pour les Jeux Olympiques et Paralympiques. Sur la période 8 juillet au 8 septembre 2024, l’INSEP sera sur un mode de fonctionnement très particulier qui sera totalement dédié à la préparation de nos équipes olympiques. Ce rassemblement nous permet donc de nous mettre en ordre de marche et de commencer à préparer cette échéance. Nous avons bon nombre de nos kinésithérapeutes et de nos médecins qui sont déjà engagés individuellement dans les équipes de France. Je suis moi-même médecin de l’équipe de france de natation ce qui signifie que je ne suis pas toujours présent sur l’INSEP, et ce qui engendre une organisation temporelle et personnelle. «
Une organisation sur mesure en fonction des besoins des équipes de France
Où en êtes-vous dans la préparation et de la planification de ces JOP ?
« Pour les fédérations, cela devient de plus en plus précis. Ils savent où ils seront, à quel moment et avec quel staff. C’est un peu comme une photo qui est très flou au départ et qui peu à peu s’affine. Aujourd’hui, nous ne sommes plus dans le flou complet mais nous avons encore quelques incertitudes. La difficulté est d’informer toute l’équipe, de communiquer ensemble. Ce séminaire permet aussi de partager à l’ensemble des personnes présentes les informations pour que tout le monde soit au même niveau. »
Quel sera le rôle du pôle médical en amont et pendant ces JOP ?
« Notre rôle va être de nous adapter au mieux aux différents besoins des équipes. Certaines seront très bien organisées et bien fournies avec un gros staff médical, des kinés, du matériel et pour celles-là nous serons en soutien logistique. A l’inverse, nous aurons d’autres équipes qui vont arriver avec leurs athlètes et leurs entraineurs, mais peu de ressources médicales et nous interviendrons dans ces cas là davantage. Certaines équipes seront à l’INSEP juste avant les Jeux puis se dirigeront vers le village … d’autres ont fait le choix d’être présents avant et pendant les Jeux, ce qui va demander de la réactivité sur les horaires. Des compétitions risquent de se terminer un peu tard, avec des besoins en conséquences … tout cela s’organise et s’anticipe. «
On parle beaucoup d’ « home avantage » pour ces Jeux en France, comment cela va se matérialiser d’un point de vue médical ?
« Le gros avantage pour nos équipes de France va être de bénéficier de structures et d’installations sportives qu’ils connaissent bien et qui seront complètement dédiées à eux. Quand on part à Tokyo ou à Rio, on fait avec les moyens que l’on nous donne. Pour ce qui est du médical, nos athlètes nous connaissent. Un lien de confiance est installé depuis longtemps et c’est essentiel. Quand un sportif a besoin de faire un examen et qu’il connait la personne en face, c’est beaucoup plus facile d’avoir confiance. A l’inverse, les professionnels de santé que nous sommes, connaissons aussi nos athlètes. On a leur dossiers médicaux, on les connait et bien entendu que aussi un avantage certains. Quand vous êtes à l’étranger, vous avez forcément un staff plus réduit alors que là, nous allons pouvoir bénéficier d’expertise que nous n’aurions pas forcément à l’autre bout de la terre, comme c’était le cas à Rio ou Tokyo. »
D’un point de vue personnel, diriger cette structure sur des JOP en France doit représenter un beau challenge ?
« J’ai pour seule ambition de remplir mon rôle. Nous ne serons pas dans la découverte et puis j’ai déjà l’expérience d’avoir fait plusieurs fois les Jeux Olympiques, je sais comment cela se passe. Je connais bien l’INSEP. Il va falloir que l’on organise cela au mieux pour répondre à la demande mais c’est sûr que vivre les Jeux à Paris, c’est quelque chose d’unique. Je n’ai pas de pression plus que cela même si je sais que la charge de travail va être notable (sourire). »